Signature de Quatre Protocoles d’Accord de Subvention par le Fonds Haïtien pour la Biodiversité
28 août 2024La diversité biologique – ou biodiversité – se définit comme étant toutes les formes de vie sur terre et les caractéristiques naturelles qu'elle présente. Cette diversité désigne la variété qui existe entre les plantes, les animaux, les micro-organismes, explique une étudiante à la faculté des sciences humaines soulignant aussi que la faune d’Haïti est estimée à plus de 2000 espèces, dont 75% sont endémiques. De nombreuses régions du pays notamment le Parc National Macaya, l’Ile de la Gonâve, de la Navase et de la Tortue, le Massif de la Hotte, présentent une biodiversité riche et unique. 36% des 5000 plantes, poursuit-elle, sont répertoriées surtout dans les aires protégées, toutes habitées par des espèces qui en tirent leurs sources de subsistance.
Toutefois, conclut-elle, « Ces dernières années, je m’inquiète pour la biodiversité de mon pays, car elle est en chute libre et le constat est sans appel. Des animaux et des plantes disparaissent à un rythme encore jamais égalé ».
Pour cet étudiant d’une trentaine d’années, rencontré à la faculté d’Agronomie, la perte de la biodiversité menace l’existence de tous les citoyens haïtiens. Se référant à un rapport des Nations-Unies pour mieux s’exprimer sur les bienfaits de la biodiversité, ce trentenaire souligne qu’à l’échelle mondiale, la diversité biologique offre d’innombrables services. Par exemple, les poissons assurent 20 % de l’apport protéique à environ trois milliards de personnes, plus de 80 % de l’alimentation des êtres humains est assurée par des plantes et près de 80 % des habitants des zones rurales des pays en développement ont recours aux médicaments traditionnels à base de plantes pour les soins de base.
Malgré les différents progrès observés dans le monde grâce à la technologie, insiste-t-il, l’espèce humaine dépend entièrement d'écosystèmes sains et dynamiques pour l’eau, la nourriture, les médicaments, les vêtements, le carburant, l’énergie, entre autres. C’est ce qui explique, pour finir, avance-t-il, que des milliards sont investis chaque année dans la diversité biologique pour le respect, la protection et la restauration de cette richesse naturelle. Mais, se désole-t-il, d’un ton sombre et regrettable, faisant référence à sa terre natale, peu se soucient de la biodiversité d’Haïti, et c’est là ma plus grande déception, a-t-il ajouté.
Assise aux côtés de son ami qui vient d’émettre son opinion et intéressée par la question, cette étudiante en troisième année est ravie de partager ses connaissances sur le sujet, commençant par présenter un tableau de la classification de certaines espèces. Les oiseaux, illustre-t-elle, varient entre 245 et 260 types connus, dont 31 espèces endémiques. 84 d’entre eux se trouvent à la Gonâve et 47 à l’île de la Tortue. En ce qui concerne les poissons, parmi les 932 races catégorisées, la plupart sont marines, dont une espèce endémique, la Coralbrotula Ogilbichthys haitiensis. De plus, un total de 8 espèces endémiques sont classées à l’étang de Miragoâne, y compris dans l’ichtyofaune des écosystèmes d’eau douce, où 41 poissons d’eau douce, de nature différente, sont recensés. Parmi ceux-ci, on trouve l’anguille américaine native, Anguilla rostrata, dont 11 espèces sont endémiques et appartiennent toutes à la famille Poecillidae et à l’ordre des Cyprinodontiformes.
Du côté des mammifères, poursuit-elle, avec fougue et détermination, trois catégories sont enregistrées.
Il s’agit du Plagiodontia aedium (Zagouti), du Solenodon paradoxus wordii (Musaraigne au Nez long) et du Lamantin des Antilles, un mammifère marin que l’on retrouve dans la plupart des Antilles, dont Haïti, qui compte également 18 espèces de chauve-souris. Et pour terminer le classement, l’étudiante de 29 ans met l’accent sur les reptiles, qui sont au nombre de 120, dont 3 couleuvres de boas différents : Epicrates fordi, Epicrates gracilis et Epicrates striatus,5 tortues marines, 2 tortues d'eau douce, 2 formes d’iguane terrestre et quelques 500 crocodiles américains.
Haïti jouit d’une richesse exceptionnelle en matière de biodiversité, explique avec fierté la jeune agronome, qui révèle que son rêve le plus cher est de se spécialiser dans la diversité biologique de son pays. Par contre, regrette-t-elle, vu ce concept pratiquement méconnu de la plupart des autorités haïtiennes qui éprouvent des difficultés à, d’une part, l’appréhender de manière holistique, et d’autre part, à mettre en place un plan global qui l’inclut à juste titre dans divers projets politiques, elle craint que son rêve ne voit pas le jour.
Un dernier point de vue, recueilli de la part d’un jeune licencié en sciences de l’éducation et détenteur d’une maîtrise en sciences de l’environnement, voit la diversité biologique, plus connue sous sa forme contractée de biodiversité, de manière plus approfondie. Au-delà de la grande diversité spécifique d’Haïti qui s’explique par ses écosystèmes, le pays compte six écorégions qui renseignentsur la diversité des zones de vie : la forêt humide, la forêt sèche,la forêt de pins, les mangroves, les zones humides et l’écorégion marine.
Des richesses environnementales qui sont indispensables au bien-être et à la santé des êtres humains. Car, rappelle-t-il, toutes les sociétés et cultures de notre planète dépendent de l'utilisation d’une nature diversifiée. Une grande biodiversité augmente la stabilité et l’adaptabilité de la biosphère face aux modifications des conditions de l’environnement.
Néanmoins, a-t-il insisté, des institutions locales qui travaillent dans le secteur doivent prendre des dispositions en vue d’organiser des campagnes de sensibilisation, des séances de formation pour convaincre les citoyens, peu importe leur rang social, de la nécessité de conserver et de préserver la biodiversité.
Je félicite, dit-il, le Fonds Haïtien pour la Biodiversité qui l’a déjà fait et devra également continuer à le faire. Le FHB doit s’imposer davantage comme un défenseur de la diversité biologique du pays et aussi, se tailler une place de choix en tant que dernier rempart qui lutte pour faire respecter les réserves biologiques et écologiques du pays.
« Je suis préoccupé, déclare-t-il, en tant que jeune formateur, mais je crois fermement que le FHB s’érigera, je le redis, en défenseur de la diversité biologique du pays. »